Tous les cinéastes ayant un petit renom doivent composer avec des présupposés attachés à leur style. Ils en sont souvent les premiers responsables et Mike Leigh un peu plus que les autres, qui a lui-même travaillé avec ardeur à se forger une identité de cinéaste particulière. On le crédite en quelque sorte d'une méthode brevetée, déposée une bonne fois pour toutes : un cinéma d'acteurs, avec très longues répétitions immersives avant tournage, de sorte que toute l'équipe habite depuis longtemps les décors, situations et personnages lorsque la caméra commence à tourner. Another Year ne déroge pas à la règle, mais il serait injuste de lui en tenir rigueur : la méthode Leigh porte en elle un potentiel encore immense, à condition que, comme son dépositaire, on ne s'en contente pas.
Potager. Another Year, c'est une année de plus dans la vie de Tom et Gerri, couple londonien de petits-bourgeois éclairés, lui géologue, elle travailleuse sociale, et de Mary, l'une de leurs meilleures amies, largement quinqua elle aussi, mais célibataire, d'apparence frivole, profondément adorable et paumée. Encore une année de vie pour tous avec ses quatre saisons bien découpées, que symbolisent des scènes de jardin potager collectif où le couple bio bichonne ses légumes le dimanche. Ces plans qui donnent au film sa respiration clandestine, son rythme océanien, dégagent souvent, par leur mélange de l'artifice pictural et climatique avec le réalisme profond des person