On la rencontre en début de soirée, énième journaliste, lorsqu’on entre, le précédent sort, depuis le matin ça défile et il y en a d’autres après, jusque tard ; quelle vie. On lui suggère une pause le temps de mettre le nez dehors. «Oh non ! Je suis habituée; depuis vingt-cinq ans vous savez...» Elle est vêtue de sombre, c’est sobre, souple, sans relief. Le relief, c’est elle, à peine maquillée, qui s’installe au fond d’un canapé en cuir, à l’aise, l’exercice ne l’intimide guère, elle laisse ceux qui viennent la visiter l'être encore, éventuellement.

Juliette occupe Cannes. Partout. Une invasion de Binoche. Sujet délicat que cette affiche du Festival (signée Brigitte Lacombe), qui la représente en train de peindre une sorte de signe de Zorro dans un halo blanc-bleu. Diantre, personne ne lui a dit que, outre la qualité esthétique de la chose, discutable, c'était très gênant lorsqu’on concourt pour le prix d’interprétation (avec le film d’Abbas Kiarostami Copie conforme) ? (Puisqu’on est aux sujets qui fâchent, un autre : l’intrigant escamotage, sur le DVD officiel de la cérémonie des césars, du passage où Valérie Lemercier parodie la Binoche en «artiste totale».) Ces questions, certes, déplacent le débat, s’il y a débat, loin de l’art de Juliete B. ; ces questions-là sont pourtant au cœur de la folie qui fait qu’un jour, un être hyper-doué qu’on appelle une Actrice devient une Star. Propulsée sur une lointaine galaxie.

Sa réaction est tellement candide, pou