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Libération
Portrait

Elise Lhomeau et Léa Tissier, débuts lumineux

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Elles sont les «Filles en noir» de Civeyrac, «si différentes» de leurs personnages.
publié le 19 mai 2010 à 0h00

Elles ont 20 ans sur le fil, l'une déjà, l'autre bientôt, et ce qu'elles font dans Des filles en noir, le film de Jean-Paul Civeyrac présenté à la Quinzaine des réalisateurs (lire page 27), est un numéro d'équilibristes. Comment avoir l'air juste, vrai, lorsqu'on se retrouve au seuil du basculement grinçant, fondateur, radical, qu'est l'adolescence ? Lorsque, de surcroît, on est habillées de noir, braques, un peu gothiques, et qu'on incarne des personnages qui tendent vers un seul but (parfois de manière si acharnée que c'en est drôle) : se supprimer ? Elise Lhomeau (Noémie) et Léa Tissier (Priscilla) s'en sortent avec panache, énergie, frôler la mort les rend terriblement vivantes.

La rencontre met du temps, on boit du thé, elles portent des vêtements clairs, se délivrent peu à peu de la timidité à parler de soi. On dirait qu’elles ont changé de rôle ; celle qui domine à l’écran (Elise) s’avère plus en retrait que celle qui souffre d’une colère sourde (Léa). Cette dernière possède la même intensité, cérébrale, romantique, que dans le film ; elle vient de finir sa khâgne option théâtre. L’autre, Elise, est au Cours Florent.

Elles furent repérées par Civeyrac bien avant qu'il ne les choisisse pour de bon. En attendant, elles se sont creusé les méninges à se glisser dans la peau de telles acharnées à mourir, «si différentes» d'elles (sauf la fièvre). Le déclic de l'actrice s'était produit, pour Elise, en jouant Clytemnestre, elle y découvrit la liberté