Au début du mois de mai, à Paris, alors qu'on apprenait que Carlos, un temps écarté de Cannes, serait au final présenté hors compétition, Olivier Assayas détaillait quelques-uns des nombreux points qui font de son film un projet à part dans le paysage français.
Pourquoi avoir accepté la proposition de Canal + de raconter Carlos ?
Si on veut comprendre quelque chose à l'histoire politique des années 70 et 80, Carlos est un fil rouge extraordinaire, passant de l'idéalisme au mercenariat. L'époque dont parle le film, surtout ses deux premières parties, est celle de mon adolescence, celle de l'idéalisme politique, et l'occasion m'était donnée de filmer des choses qui m'avaient imprégné adolescent et que je n'avais pu filmer à l'époque. Le cinéma est toujours porté par une fixation adolescente du monde, je crois. Aussi, ce film est moins loin qu'on pourrait le croire d'un de mes films plus autobiographique, l'Eau froide, ou de mon livre autour de Guy Debord. Il fait partie de cette histoire-là. J'étais content, avec Carlos, de me retrouver à nouveau dans l'idéalisme des années 70.
Quelle idée aviez-vous sur lui ?
Il y a des moments où le destin l’emporte, et Carlos ne peut rien y faire. Je n’ai pas beaucoup de théories sur Carlos, mais si j’en ai une c’est qu’à partir du meurtre de deux agents de la DST rue Toullier à Paris, le 27 juin 1975, il n’y a plus de retour en arrière. Sans la rue Toullier, il serait un terroriste comme un autre. Carlos est en prison quand d’autres ont négocié leur liberté de mouvement. Il paye là où beaucoup n’ont jamais payé. Ce