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Libération
Critique

Le cinéma en Tanger

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Double jeu. Dans «Todos vos sodes Capitans», Olivier Laxe imbrique docu et fiction.
publié le 20 mai 2010 à 0h00

Qu'est-ce qui rassemble entre eux Film socialisme, Rubber, Autoportrait de Ceaucescu ou Todos vos sodes Capitans, les films pour l'instant les plus étranges de ce Cannes aux couleurs bien désarçonnantes ? Ils ont chacun inventé une zone intermédiaire où la distinction entre documentaire et fiction ne leur sert plus de colonne vertébrale. Il est, à un certain degré, impossible de dire où commence le récit et où s'arrête l'expérience du tournage. Le premier film d'Olivier Laxe, jeune Français de 28 ans portant barbe et ayant étudié le cinéma à Barcelone est celui qui va peut-être le plus loin dans le trouble.

Médina. Il démarre en se présentant comme un sympathique documentaire en noir et blanc 16 mm sur un workshop improbable à Tanger. Où un jeune cinéaste français frais émoulu de l'école de cinéma (bien sûr joué par Laxe en personne) essaye d'enseigner la pratique du cinéma à des enfants de la médina, tous issus des milieux les plus défavorisés. Le cinéma, espère le réalisateur, est sensé sortir ces petits olvidados de ce quotidien sans espoir.

Sauf que le dialogue entre le jeune homme cultivé, humaniste, angoissé et perfectionniste et des gosses qui n’ont jamais vu de film de leur vie et n’en ont que foutre, tourne court : les gamins et les quelques adultes censés prêter main forte au réalisateur ne voient pas du tout vers où vont ces journées de tournage pour lesquelles on les a réveillés à pas d’heure. Le fiasco