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Libération
Critique

«Lèvres» recommandées

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CAF. Trois assistantes sociales en mission dans un village argentin.
publié le 20 mai 2010 à 0h00

D'emblée, les femmes de Los Labios («les lèvres») sont vraies. Trois femmes. Elles ont un truc en tête. Prennent un autocar, qui file toute une nuit. Débarquent le lendemain dans un comble de cambrousse argentine où leur contact a oublié de venir les chercher. Lorsqu'on découvre avec elles le désastre crasseux d'un dispensaire désaffecté, on comprend ce que Noe, Luchi et Coca sont venues faire ici : ce sont des assistantes sociales, envoyées par la ville au secours d'une lointaine population de défavorisés.

Indios. Deux de ces femmes sont plutôt jolies et jeunes, la troisième est ronde, sensuelle et pas encore tout à fait âgée (formidable trio d'actrices). Leur travail mélange celui d'infirmières et d'assistantes familiales. Mais ce sont aussi, en quelque sorte, des chercheuses, qui devront remettre un rapport. Avec elles, et avec le même respectueux étonnement, nous découvrons les avant-postes lointains de ce monde : des pueblos à demi bidonvilles aux frontières de la nature et de la mondialisation. A leur bras, nous accompagnons leur voyage dans ces franges mélangées de misères ancienne et moderne, un far-west sans folklore mais avec quelques têtes d'Indios d'aujourd'hui, leurs familles nombreuses, leur tee-shirts de fausses marques, leur timidité, leur chômage endémique, leur manque d'information sur la contraception, leurs régimes carencés, la mortalité infantile qui frappe leur progéniture dans des proportions supérieures à la norme, leur mervei