Michelle Williams est d'une laideur déchirante lorsqu'elle pleure, magnifique le reste du temps. Elle est un hymne aux larmes. Yeux verts de chat, paupières lourdes, regard de popstar. La seule qui pourrait interpréter Courtney Love jeune. En plus jolie. Elle joue dans autre chose à Cannes, tant mieux pour elle, le poignant Blue Valentine présenté à Un certain regard (lire page 22). Elle a trente ans moins quelques poussières, a figuré dans Shutter Island, I'm not There ou Wendy & Lucy. Ce qui fait d'elle la quintessence de l'actrice Sundance, révérée par un certain cinéma d'auteur californien.
Ce n'était pas gagné, elle débuta à la télévision avec Dawson, un Friends ado à rallonge -et ce genre d'entame, en général, on ne s'en remet pas. Son chemin a croisé celui de filles aussi douées qu'elles, qui dans le panorama des jolies actrices d'Hollywood s'en sont un peu mieux sorties : Kirsten Dunst, Christina Ricci, Chloë Sevigny. Michelle Williams aurait pu, aurait dû, devenir une comédienne ultra-célèbre : elle a un jeu incroyable pour une Américaine, brut, intense ; elle offre à l'écran une «nature» presque européenne.
Sauf qu'elle a croisé la route de Heath Ledger dans Brokeback Mountain, quand il s'amusait au cow-boy avec Jake Gyllenhaal. Elle était la fiancée déçue de Ledger, qu'elle fréquenta ensuite, à qui elle donna un enfant, Matilda, avant d'être à nouveau sa fiancée déçue. Puis sa veuve. Heath Ledger est