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CRITIQUE + BANDE-ANNONCE

«Poetry», la rime et le crime

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Compte à rebours. Une grand-mère fantasque entre bouffées poétiques et conflit familial.
publié le 20 mai 2010 à 0h00

Comme dans ses films précédents, le Coréen Lee Changdong n'a pas peur de charger la barque. On se souvient d'Oasis sur les amours tumultueuses d'un débile et d'une tétraplégique, de Secret Sunshine sur une jeune veuve devenant folle après le kidnapping de son enfant unique. Le cinéaste est comme naturellement attiré par les paroxysmes de l'existence. On n'est donc pas surpris quand au générique de début, le mot Poésie (Si en coréen, Poetry en anglais) vient s'inscrire sur l'image d'un cadavre d'une collégienne flottant sur les eaux d'un fleuve.

Fait divers. Le personnage principal, Mija (la star coréenne Yun Junghee, 330 films à son actif !), est une vieille dame coquette qui veut prendre des cours de poésie. Elle voudrait coucher sur le papier des sensations profondes mais, à 65 ans, les mots commencent à lui échapper. Elle n'y prend pas garde, elle est toujours un peu lunaire, et les gens l'aiment aussi parce qu'elle dit des choses bizarres. Enfin quand ils l'écoutent parce qu'une femme de cet âge, seule la plupart du temps, n'intéresse pas grand-monde. Vivant avec son petit-fils, une larve vautrée devant la télé ou l'ordi dans sa chambre, elle gagne sa croûte en faisant des ménages chez un vieil infirme. On apprend bientôt que la jeune morte du début s'est suicidée après plusieurs mois de harcèlement et de viols collectifs au sein même de son école. Parmi les coupables, se trouve précisément le petit-fils de Mij