On va finir par se demander si la politique étrangère de l'administration Bush n'a pas été élaborée, entre autres, pour alimenter Hollywood en bonnes histoires incrustées dans un contexte historique inattaquable. C'est la leçon de Fair Game, thriller politique qui revient sur l'affaire Valerie Plame, agent de la CIA dont le nom a été divulgué dans la presse américaine en juillet 2003 afin de discréditer son mari, Joe Wilson.
Uranium. Cet ancien ambassadeur (dans plusieurs pays d'Afrique puis en Irak lors de la première guerre du Golfe) était alors l'une des rares voix discordantes dans l'unanime concert va-t-en guerre. Dans une tribune du New York Times, Wilson avait démonté la thèse de l'achat par Saddam Hussein de centaines de tonnes d'uranium au Niger, l'un des mensonges à partir desquels Bush et Blair avaient pu lancer leurs troupes sur Bagdad. Il était bien placé pour savoir que tout était bidon, puisque c'est lui qui, à la demande de la CIA et sur recommandation de son épouse, avait effectué cette mission d'évaluation au Niger. La polémique embrasant Washington avait alors été éteinte par la Maison Blanche en jetant en pâture à la presse le nom de Valerie Plame, laissant entendre que ce couple avait magouillé pour nuire à l'effort patriotique.
Il est frappant que Fair Game soit le seul film américain de la compétition. Il y joue le curieux vecteur d'un consensus observant avec un effarement surjoué, mais surtout tardif, le désa