Sur la plage du Majestic, à l'ombre de grands auvents où une armée de serveurs dressent les tables du déjeuner, Géraldine Pailhas se tient à côté d'un géant vêtu d'un costume mal coupé, sombre (il fait beau, très chaud), un géant au regard bleu et nerveux qui nous fixe bizarrement - et d'un coup se met à sourire de manière tout aussi étrange. On comprendra ensuite qu'il s'agit de Lodge Kerrigan, le réalisateur américain radical (c'est un euphémisme) avec lequel Pailhas a tourné Rebecca H., Return to the dogs, présenté à Un certain regard. De savoir cette actrice française, qui frôle les 40 ans, qui alterne le cinéma populaire (Pirès, Harel) et plus singulier (Ozon, Bonitzer), sans jamais avoir eu de franc succès, ni public ni arty, de la savoir associée à ce projet-là pique la curiosité. Pourquoi elle ? Dans son cinéma à lui?
Rebecca. Ce film est un mystère. On ne l'a pas vu (des histoires d'horaires), on espérait donc que Pailhas en parle, ainsi que de son travail avec Kerrigan. Mais Kerrigan a un sacré caractère (c'est sa réputation et elle est exacte), puisque, même en pleine tourmente de production et distribution (Pailhas évoque poliment «une situation compliquée»), il ne veut pas, pour des raisons éthiques, esthétiques, qu'elle évoque le film avec des gens qui ne l'auraient pas visionné. Bon. A peine s'est-elle installée qu'il vient le lui rappeler, puis retourne s'asseoir à deux mètres (elle est un peu gênée). La seule chose dite, qui