En 1985 sortait sur les écrans The Breakfast Club de John Hughes, devenu instantanément un classique de la «teen comedy». On se souvient que les cinq ados sont punis par le directeur du lycée qui leur demande d'écrire une dissertation sur le thème «Qui pensez-vous être ?». On se souvient de la réponse collective rédigée sous forme de lettre adressée au dirlo : «Nous pensons que vous êtes dingues de nous maintenir en détention tout un samedi pour nous faire écrire un truc pour dire qui nous sommes. Qu'est ce que cela peut bien vous faire ? Vous nous voyez tel que vous voulez nous voir […] dans les termes les plus simples et selon la définition la plus correcte : un cerveau, un athlète, un basketteur, une princesse et un criminel.»
Miniruche. Cette réduction du personnage à son archétype (tel qu'il est vu et tel qu'il se voit lui-même) devenait l'enjeu de la fiction, qui permettait de retourner les clichés et de créer une profondeur de champ là où au début il n'y avait que des créatures monodimensionnelles collées sur des décors standards. Si la société américaine s'exporte si bien, c'est qu'elle entretient avec le cliché un rapport à la fois complexe et décontracté. Simon Werner a disparu…, premier long métrage de Fabrice Gobert, travaille à partir de cette perception des choses en l'acclimatant à la jeunesse française à partir de ses propres souvenirs de lycéen dans les années 90, en banlieue parisienne : «Les personnages du fil