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Libération
Critique

Palestine : la tête occupée

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Acid. «Fix Me», le mal de crâne identitaire de Raed Andoni.
publié le 21 mai 2010 à 0h00

Raed Andoni est un cinéaste qui a mal à la tête (pas mal pour nous, critiques qui commençons à avoir mal aux yeux). Son film (produit par l’actrice Julie Gayet) est à l’Acid, l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion, la plus parallèle des sélections, où l’on trouve toujours deux ou trois pépites. En voilà une, un essai atypique et burlesque plus qu’un documentaire, une de ces névralgies politiques qu’aucun Alka Seltzer ne saurait soigner. Car il y a des sinusites qui sont plus identitaires que d’autres, plus historiques et anciennes que d’autres, et si on vous dit qu’Andoni est palestinien, tout paraîtra plus clair et compliqué à la fois. Car un Palestinien qui a mal à la tête, c’est déjà un symptôme entraînant avec lui une foule de questions surréalistes : ainsi, a-t-on le droit de se plaindre, de n’avoir mal qu’à la tête là où d’autres sont en résistance ? A-t-on le droit d’aller voir un psy pour comprendre l’origine de ses maux et prendre le risque de devenir un sujet, alors qu’on survit dans un territoire où il n’est question que de nation ?

Andoni place sa caméra dans le tiraillement de ces deux feux. D'un côté, il refuse de croire que ses maux de tête ont pour cause Israël, car ce serait donner aux Israéliens un pouvoir d'occupation plus grand encore. De l'autre, il ne rencontre que des pères, des frères, des neveux, qui rêvent la Palestine avant de se rêver eux-mêmes, tout à leur cause. Fix me n'est pas sur la vie à Ramallah entre le mur de la hon