Elle est si ponctuelle qu'elle prend tout le monde de court. Personne n'est prêt. Elle écarte café et viennoiseries, demande juste un verre d'eau et allume une cigarette, près du clapotis des vagues. Lorsqu'elle se met, assez vite, spontanément, à parler de féminisme, Kirsten Dunst déplie l'esprit vif d'une suffragette. Hier matin sur une plage cannoise, la jeune actrice avait enfilé les habits de la jeune intello piquante plutôt que ceux (qu'on lui a souvent mis sur le dos), d'une starlette bankable, fêtarde et dépressive. Elle est en ville pour un court métrage qu'elle a réalisé elle-même, Bastard, une histoire d'accouchement et rencontres en plein désert de l'Ouest américain (les images sont très belles).
Sofia. Son mini-film, Dunst ne l'a montré à aucun de ses amis du cinéma, mais elle attend leurs remarques avec intérêt : «Une femme, surtout derrière une caméra, a moins d'ego qu'un homme.» Et elle en a connus, raconte-t-elle en ricanant, des réalisateurs qui disaient sans cesse : «My way is the highway» - en substance, c'est mon opinion et je la partage. Elle dit aussi ô combien c'est important, dans l'univers pas si joyeux de l'industrie du rêve, de susciter le respect et la camaraderie de ceux avec qui on travaille. Cela passe aussi par la délicatesse ; ne pas ouvrir de pauvres bières (quand les réalisateurs pensent à en faire acheter), faire plutôt son grand seigneur, si l'on peut, à la Sofia Coppol