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Libération
Interview

«Qui peut juger la colonisation "positive" ?»

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Le réalisateur, Rachid Bouchareb :
publié le 22 mai 2010 à 0h00

Après la conférence de presse vendredi, l'équipe de Hors-la-loi débarque en début d'après-midi dans une paillote de la plage. Décontractés, ayant apparemment pris le parti de rire de tout cela, malgré les gardes du corps qui les entourent. Un salon ouvert leur est réservé, et toutes les télés, radios, journaux, veulent accaparer les acteurs Jamel Debbouze, Roschdy Zem et Sami Bouajila. Ce sont de bons clients, ils font les pitres, un moment Jamel crie «Vive la France !» Le réalisateur Rachid Bouchareb est plus en retrait, apparemment calme bien qu'on le sente tendu, fatigué.

Comment avez-vous vécu ces dernières semaines ?

Je n'étais pas en France, je préparais mon prochain film aux Etats-Unis. Mais sitôt arrivé, je constate que je ne peux plus me déplacer librement, que la sécurité est renforcée d'une manière incroyable pour la projection officielle, ce soir [vendredi, ndlr]. Franchement, le cinéma doit-il en passer par là ? Je remercie Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, de n'avoir pas cédé à la pression, depuis des mois, qui poussait à ce que le film ne soit pas sélectionné.

Avez-vous trouvé, dans votre propre famille, de quoi nourrir votre histoire ?

Ma mère a vécu des choses… Je préfère ne pas en parler.

La séquence sur Sétif ?

Le problème n'est pas Sétif, c'est de parler d'une période entière qui n'est jamais VUE au cinéma. Au lieu de tourner, en Algérie, un long métrage sur la guerre d'Algérie, je l'ai déplacé en France. Cela donne un film que j'aurais pu appeler la Bataille de Paris.

Un film politique ?

Indigènes [présenté à Cannes en 2006] en était un, il s'agissait de réparer une