A quoi sert le Festival de Cannes ? Autant demander qui a tué Laura Palmer, puisque Cannes ressemble, chaque année un peu plus, à un épisode de Twin Peaks : un Cluedo d'intrigues mal embouchées et un puzzle de solutions boiteuses. Quand on pose la question de confiance à plusieurs personnages plus ou moins cruciaux, pas étonnant que le résultat ressemble à cet imbroglio.
A quoi sert le Festival ? A inf1ationner le sandwich au prix du caviar, à déguster l’aïoli de la Mère Besson, à rencontrer des gens (vocable générique qui désigne tout le monde et surtout n’importe qui), à changer d’air, à bronzer, à draguer (boom sur le tee-shirt «I want your sex»), à travailler comme des brutes (et à aimer ça), à se coucher tard (dernière mondanité aux alentours de 4 heures), à se lever tôt (première projection à 8 h 30), à ne rien faire, à faire des affaires, à dire qu’on y va (dans le mois qui précède), à dire qu’on en est revenu (dans 1a quinzaine qui suit), et puis à gauche, au fond du couloir, à voir des films.
C'est vrai ça, voir de films pourquoi pas ? La réponse de Serge Toubiana, rédac chef des Cahiers, est à cet égard rare et précieuse : «Le Festival sert à montrer des films. Et le critique se rend à Cannes pour voir ces films. Est-ce encore un lieu idéal pour voir des films ? Oui, à condition de faire abstraction de "l'opinion publique" cannoise. Parfois, un film réussit à faire entendre sa voix par-dessus le vacarme.Alors, le Festival renou