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Libération
Critique

«Rebecca H.» à la marge

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Fantôme. Le film de Lodge Kerrigan arpente les zones d’ombre du cinéma.
publié le 22 mai 2010 à 0h00

C'est un film kamikaze dont chaque plan vit sous la menace de son autodestruction. Cette incertitude tient pour l'essentiel à une scène de mise en abîme. Une belle femme assise dans un canapé, un bel homme qui lui fait face. On sent entre eux une intimité dont ne connaît pas la nature. Elle lui parle de sa grossesse qui ne se voit pas trop encore. L'homme est bienveillant. Mais on suppute au visage anxieux de la femme que cela pourrait poser un problème. On entend en effet qu'elle est actrice, que cette «déformation» de son corps pourrait nuire à un prochain rôle dans un film. Un film de Lodge Kerrigan. Qui tel un impromptu orageux, après le rituel «coupez», apparaît en personne dans le cadre, distille ses conseils aux acteurs qu'il trouve trop inquiets. Des acteurs qui se prénomment Géraldine et Pascal, et qu'on avait déjà identifiés par leur nom propre puisqu'il s'agit, bien connus et bien aimés, de Géraldine Pailhas et de Pascal Greggory.

Braconnage. La scène est rejouée, à l'identique, n'étaient une inflexion de l'angle de la caméra et le jeu de Géraldine Pailhas qui migre vers moins de tristesse. Dans le jargon, on appelle ça une prise, comme à la chasse, comme à la guerre. On assiste à une leçon de cinéma : comment un acteur joue juste dès qu'il laisse tomber les béquilles de la psychologie. Ces travaux pratiques resteraient anecdotiques, voire scolaires, s'ils ne servaient pas une idée de cinéma plus buissonnière qui braconne tout le