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Libération
Critique+extrait

Weerasethakul, Thaï king size

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L’«Uncle Boonmee» attend la mort sur fond de répression armée dans une œuvre délirante et magistrale.
publié le 22 mai 2010 à 0h00

Des deux ou trois choses que l'on sait d'Apichatpong Weerasethakul, il y en a au moins une qui aurait le mérite de faire taire les cuistres qui se vantent d'orthographier sans faute le patronyme du Thaïlandais : Apichatpong, tout le monde l'appelle Joe. Toute victoire à la Pivot sera donc vaine, le cinéaste au nom le plus compliqué de la planète ayant le sobriquet le plus simple du monde. Hey Joe, où vas-tu avec cette caméra dans tes mains ? Nous tuer, une fois de plus. «La projection de la dernière chance», nous soufflait à l'oreille un critique ami (tous ne le sont pas) une seconde avant que ce film halluciné ne démarre. Dernier espoir que surgisse de la compétition 2010 ce qui lui aura cruellement et essentiellement manqué : du cinéma.

Sibylline. C'est donc aussi le moment opportun d'expliquer à ceux à qui Joe fait peur (Joe fait toujours un peu peur, même à ses groupies, tant voir un de ses films relève toujours d'une expérience émotionnelle forte dont on peut craindre les effets dévastateurs) que le terme «cinéma pur» ressorti à tout propos le concernant, et ce depuis la découverte à Cannes de Blissfully Yours ou de l'extatique Tropical Malady, ne correspond en rien à une collection réfrigérante et chiantissime de plans longuets et sentencieux. La beauté pour la beauté, le grand vide formel, voilà tout ce que Weerasethakul exècre. Joe est quelqu'un qui raconte des choses précises, mais qui le fait à sa façon : mystérieuse, secr