Menu
Libération

Images de fin

Article réservé aux abonnés
En cinq films, «Libération» fait le bilan de Cannes 2010.
publié le 24 mai 2010 à 0h00

Que reste-t-il de nos amours ? C’est la question mélancolique consubstantielle à une fin de festival où, à raison d’une dizaine de films visibles par jour, les images finissent par se superposer, les dialogues se chevaucher et tous les plans n’en faire plus qu’un, tel un rêve qui ferait le lien à la façon d’un très long métrage. Une bête dans la jungle thaï, une importante strip-teaseuse dans le djebel français, un certain Thor (qui nous tue) sur un campus américain, une fille qui marche à en mourir, un estropié qui chante dans les rues de Kinshasa. La plus belle distribution du monde.

Uncle Boonmee… : Rêves de singes

Si on devait partir à la recherche d’une image du festivalier 2010, c’est sans aucun doute dans la forêt magicienne du très défonçant Uncle Boonmee Who Can Recall His Past Lives du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul qu’on la trouvera. Ce sont de grands singes arc-boutés, aux yeux rouges, des animaux de nuit inquiets, aux longs corps silencieux. Ils sont le plus souvent tapis dans l’ombre, et en tout cela, parfaitement à l’image des centaines de cinéphages qui peuplèrent un Festival aussi long, harassant et fantomatique que Cannes. Il fallait les voir, les derniers jours de ce marathon : des zombies. Les yeux surtout, rouges et explosés. Moins de fatigue que d’expériences accumulées, d’images ressassées. Toute une ville peuplée de damnés - toujours belle à voir. Surtout, ce qui rapprocha lentement la foule (de critiques, de cinéphiles, de profe