L'écran d'une vieille télévision abandonnée sur un trottoir de New York explose. Du tube cathodique éventré jaillit un flux de pixels colorés qui partent à l'assaut de la Grosse Pomme. Ils s'assemblent pour incarner les plus grands héros du jeu vidéo d'antan : un Pac-Man glouton avalant les stations de métro, des vaisseaux tout droit sortis de Space Invaders décimant des taxis jaunes atomisés en milliers de cubes, Donkey Kong, le gorille géant, perché sur le State Empire balançant son baril, ou encore des blocs de Tetris qui s'enquillent sur les immeubles et les font s'affaisser petit à petit jusqu'à la désintégration finale.
Pixels, le premier court-métrage de Patrick Jean, réalisateur français de 33 ans, est une prouesse tant sur le plan technique que dans la réalisation (Libération du 17 avril), digne des grosses productions à effets spéciaux. Pour un budget estimé «entre 5 000 et 10 000 euros», le film a nécessité «deux jours de tournage à New York, et cinq mois de postproduction, entrecoupée de boulots payés». Parodie de scénario catastrophe, il mélange des éléments de jeu vidéo et le monde réel. Mis en ligne le 9 avril sur le site de partage de vidéo Dailymotion, il a atteint le million de visionnages en vingt-quatre heures. Plus de trois millions au compteur depuis. Le succès est fulgurant. Pixels joue la fibre nostalgique, sorte de Toy Story d'aujourd'hui, où les créatures virtuelles des jeux vidéo auraien