La scène est saisissante, troublante. Lil Wayne, rappeur de La Nouvelle-Orléans et star planétaire depuis qu'il a vendu en une semaine un million de copies de son album Tha Carter III, est en studio. La lumière est faible et la caméra d'Adam Bhala Lough ne quitte pas son visage tatoué de petites phrases comme «I am music» ou de signes, une larme au coin de l'œil. Devant un parterre de potes, Lil Wayne raconte, comme dans un de ses raps hardcores, son dépucelage à 11 ans. Lui parle de viol, car c'est comme ça du moins que le gamin l'a vécu. Les adultes de son label, Cash Money, avaient demandé à une groupie de lui tailler une pipe. Cette initiation précoce a ensuite conduit Lil Wayne, lutin maigrichon et sec, à avoir son premier enfant à 15 ans. Il se lance alors dans sa carrière de musicien, stakhanoviste du rap, enregistrant des centaines de morceaux dans son bus ou ses chambres d'hôtel, soutenu par une équipe qui lui fournit tout afin qu'il reste «the best rapper alive».
Sirop. Produit par un des fils de Quincy Jones, Tha Carter, présenté jeudi, est l'événement de la 4e édition de Filmer la musique, et celui qui résume le mieux l'esprit du festival qui, avec une programmation contemporaine et moderne, dépoussière le genre, alternant interviews posées et séquences de concerts filmés. «Généralement, les films autour d'un artiste sont lisses, formatés, contrôlés par la maison de disques, résume Olivier Fo