Menu
Libération
Critique

Les réseaux sauvages

Article réservé aux abonnés
Bug . Mamoru Hosoda transforme en guerre graphique un Internet devenu fou. Virtuose.
publié le 9 juin 2010 à 0h00

Disons-le comme ça : dans Summer Wars, les guerres sont celles qui opposent la réalité et la virtualité, à ceci près que la virtualité est un état du réel, un élément concret du quotidien, sur lequel elle pèse et agit. Ne nous effrayons pas : Summer Wars est un dessin animé grand public, tout à fait familial et même familialiste. Simplement, il est contemporain et japonais, c'est-à-dire travaillé et nourri par la modernité universelle, et il nous raconte une histoire très nippone, mais à laquelle nous pouvons facilement identifier nos vies.

Le thème du film de Mamoru Hosoda, réalisateur du déjà excellent la Traversée du temps et pilier du fameux studio Madhouse, est en effet sous-jacent à l'univers techno des masses globalisées : à quoi pourrait ressembler un grand accident sur le réseau des réseaux ? Quels dégâts, au juste, un crash malveillant et généralisé nous infligerait-il ? Cette catastrophe, de plus en plus souvent fantasmée par le cinéma et la littérature, Hosoda l'illustre avec les projections allégoriques qui sont les ressources naturelles de l'animation plutôt que de chercher à en livrer une prospective réaliste. Facile, pourtant, de repérer que le mégaréseau baptisé Oz dans lequel le film nous fait voyager présente de troublantes ressemblances avec nos propres activités. Ce cortex virtuel où une humanité imprudente a stocké une large partie de son savoir, de son intimité, de ses réseaux commerciaux et administratifs, peut s'assimiler à