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Libération
Critique

Mozart, et ta sœur !

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Opus . René Féret raconte la vie de «Nannerl», frangine sacrifiée dans l’ombre d’Amadeus.
publié le 9 juin 2010 à 0h00

Première bonne nouvelle : René Féret, artiste cinéaste, est toujours là, baladant dans nos souvenirs quelques films formidables : la Communion solennelle, le Mystère Alexina, Baptême… Deuxième bonne nouvelle : René Féret est plus que là, avec un nouveau film consacré à Maria Anna Walburga Ignatia, surnommée Nannerl, la sœur aînée de Mozart.

Maquereau. C'est un film en costumes, carrosses, auberges, abbaye de Fontevraud et château de Versailles. En quoi cette histoire est-elle la nôtre ? Pourquoi Nannerl est-il un film contemporain ? Parce qu'il raconte la vie flouée, et pour beaucoup sacrifiée, de celle qui eut la chance terrible d'être la sœur de… Une grande de 15 ans, aussi douée que le petit de 10 ans à jouer de tous les instruments et surtout à composer. Mais qui brûla ses partitions dès lors que le père Leopold Mozart, à la fois professeur, imprésario et un rien maquereau de ses enfants, eut décidé que ce serait lui et pas elle. C'est l'hypothèse féministe et romanesque de Féret. Et le récit va sa vie à la façon d'une ritournelle crève-cœur : «Non, non, ma fille tu n'iras pas danser.»

Une fable en somme, augmentée de nombreux enjolivements adéquatement baroques : une amitié troublée entre Nannerl et la jeune Louise de France (dite Chiffe), fille de Louis XV, une relation pour le moins transsexuelle avec le Dauphin Louis, qui ne sait pas s’il doit préférer Nannerl en garçon ou en fille. Sans compter les embardée