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Libération
Critique

Va te faire queer à neuf !

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Genres . Du hard trans au cul vintage, la deuxième édition du Porn Film Fest présente à Paris une programmation aussi riche qu’alternative. Instructif.
publié le 16 juin 2010 à 0h00

«Un autre porno est possible.» Le slogan est assez couillon, et la régisseuse en chef et sociologue queer Marie-Hélène Bourcier le reconnaît en se marrant : «Sauf que c'est exactement ça.» Le Porn Film Fest (bien implanté à Berlin, débutant à Athènes et à Madrid, en seconde année à Paris) est le festival du cul alternatif, expérimental et autres adjectifs à volonté : féministe, postféministe, postporn, queer, urban, trans. Ce qui veut dire qu'on n'y va pas pour voir ses préjugés confirmés, mais pour se les faire démonter. Le porno du film fest, c'est facile : c'est le contraire exact du film de boules à papa. Pas une toile ici ne revendique l'hymne hétéronormé «les filles font comme ci, les gars sont comme ça», du fond d'un naturalisme doucereusement moisi. Dans les films de Courtney Trouble (1) ou de Buck Angel, les hommes ont des vagins de chair et des pénis en caoutchouc noir, dans celui de Tobi Hill-Meyer (belle emo à barbiche), on est «aux antipodes du "porno trans" que l'on trouve dans les sex-shops» et assez près d'une magistrale séance de branlette en exhib sur Xporn ou Cam4, en mieux filmé et avec un sens certain de la montée dramatique, c'est-à-dire orgasmique. Hill-Meyer refuse toute case : «J'ai une identité de gouine, même si je sors avec des mecs - je crois que l'identité et le comportement ne sont pas nécessairement assortis.» Dans Doing It Ourselves : the Transwoman Project, elle se représente en sujet du plaisir,