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Libération
Critique

1 000 pièces cuisine

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Patience . «Puzzle», la vie transmuée d’une ménagère argentine.
(Sophie Dulac Distribution)
publié le 23 juin 2010 à 0h00

Une femme d'un certain âge, Maria Del Carmen, s'affaire dans la cuisine. C'est un turbin compliqué car il y a beaucoup d'invités qui attendent dans le salon et la salle à manger. Cette femme, se dit-on, est une bonne, une employée, chargée de préparer les plats et de les servir. Mais pas seulement, car il est manifeste au moment du dessert et des gâteaux qu'elle est aussi épouse et mère, que ceux qu'elle sert comme une esclave domestique sont les membres de sa famille, et que ce jour de fête est celui de son anniversaire (50 ans). Puzzle, premier film de l'Argentine Natalia Smirnoff, est tout entier dans ce genre de dissonances subtiles. Portrait réussi d'une femme et de son aliénation ordinaire (à son mari, à ses enfants, à son milieu de petite bourgeoisie), le film fraie d'autres chemins, sans doute moins réalistes mais nettement plus singuliers.

En rangeant ses cadeaux d’anniversaire, Maria Del Carmen découvre une boîte de puzzle. A laquelle elle s’attelle nuitamment sur la table de la cuisine. Elle se découvre alors un don particulier, celui d’assembler les pièces à toute vitesse. Maria s’adonnera à cette nouvelle passion, jusqu’à en être, jour et nuit, comme possédée. Une possession qui deviendra charnelle quand Maria, par petites annonces, rencontre Roberto, mentor ès puzzle et bientôt son amant.

Assembler les pièces d’un jeu de patience au risque de mettre en pièces le fragile échafaudage de sa vie. Le film n’appuie pas trop fort sur la métaphore et, en tout ca