Fils du graphiste punk du groupe Bazooka Kiki Picasso (de son vrai nom Christian Chapiron), métis vietnamien du côté de sa mère, Kim Chapiron a déjà près de quinze ans d'activisme tout terrain au compteur. Né en 1980, il crée en 1995 avec Romain Gavras (fils du cinéaste Costa-Gavras) un collectif du nom de Kourtrajmé qui navigue entre banlieue (Montfermeil où a grandi la mère de Kim et où il est allé à l'école primaire) et XXe arrondissement parisien (un immeuble entièrement décoré par Kiki Picasso). N'ayant cessé d'œuvrer dans toutes les directions (courts métrages, clips, web-docu, graphisme, danse, musique…), ce groupe fortement ancré dans la culture de banlieue et une esthétique urbaine à la fois potache et violente compte aujourd'hui quelque 135 membres. Kourtrajmé a connu une véritable explosion grâce à Internet, qui lui a permis de diffuser en autonome ses productions après des années à écumer les MJC et les festivals.
En 2003, un double DVD assemblait dans un joyeux fourre-tout six heures d'images revendiquant une certaine insolence débrouillarde et antisystème sous le titre Seigneur, ne leur pardonnez pas car ils savent ce qu'ils font. Quand Chapiron débarque en 2005 avec son premier long métrage, Sheitan (dont le scénario fut coécrit par son père), il a 25 ans : «Kim est une bête de travail, déclarait à l'époque Vincent Cassel, acteur principal du film. Il a aussi beaucoup d'humilité. Il ne frime pas.» La découverte qua