Dans son essai sur l'autofiction, la Règle du je, Chloé Delaume parlait d'un certain type de récit à la première personne, censé rendre compte de la réalité des expériences vécues tout en les réinventant, comme d'un «suicide» autobiographique au profit d'un personnage de fiction qui ne cesse de s'écrire lui-même jusqu'à épuisement. L'histoire de Frédéric Bourdin évoque elle aussi une sorte de vertige suicidaire à travers l'élaboration d'identités successives qu'il s'agit moins de vivre que de traverser, comme on le dirait d'un corps en chute libre.
Limbes. Bourdin a défrayé la chronique entre 1990 et 2005 en changeant près de 500 fois de nom et en se faisant passer à plusieurs reprises pour un enfant disparu réapparaissant des limbes, quitte pour ce faire à changer d'aspect, de voix, de langue, assurant avoir à peine 15 ans quand il en avait en réalité pas loin de 30 ! Un mythomane, un falsificateur, un caméléon qui déjà faisait l'objet d'un film, Pour un fils (2009), signé Alix de Maistre, provocant la colère de Bourdin qui, désormais casé, marié, père de famille, a lâché l'avocat Gilbert Collard contre la production. En décidant de s'attaquer à son tour à cette affaire qu'il a découverte en lisant Libération («Faux rejeton» publié le 8 mars 2004), Jean-Paul Salomé (Belphégor, les Femmes de l'ombre…) a pris les devant. Il a rencontré Bourdin et lui a même donné un rôle de «consultant» au générique. Le nom du perso