La campagne d'affichage accompagnant la sortie du film est assortie d'une question qui, du coup, nous trotte dans l'esprit depuis quelques jours sans en avoir pour autant la réponse, ni même être sûr d'en saisir pleinement le sens : «Ça sert à quoi d'être normal ?»
Challenge.Yo También, outsider œcuménique de l'été, qui arrive sur les écrans français après avoir glané les satisfecits dans divers festivals (Sundance, San Sebastian, Rotterdam) et été copieusement récompensé aux goyas espagnols, n'a pas non plus la prétention de résoudre l'énigme existentielle, mais s'applique néanmoins à aborder frontalement l'idée de la représentation en société, à travers le personnage central incarné par un trentenaire trisomique.
Daniel est en effet indéniablement différent de ses congénères puisque souffrant de cette anomalie génétique qui l'empêche, de facto, de se fondre dans la masse. Pourtant, Daniel n'aspire à rien d'autre que relever ce challenge antithétique qui consisterait à mener une vie ordinaire (d'où le titre, Moi aussi) : entouré de parents et d'un frère lucides avec qui il ignore les tabous, intelligent et vif, il sait disserter sur son cas (comme quand il détaille sur un ton neutre les symptômes physiques de la trisomie) et trouve même un job dans un centre social à Séville. Mais les choses se compliquent quand le jeune homme s'éprend d'une de ses collègues, indéniablement touchée par sa personnalité, mais qui, réticente à franchir