Les Suisses ont le goût du jeu de mots lacanien : après cinq ans sous l'égide de Frédéric Maire, désormais directeur de la cinémathèque suisse, le 63e festival de Locarno accueille pour directeur artistique Olivier Père. L'un dans l'autre, on y verra le signe inconscient d'une envie de refonder la famille cinéma autour de Locarno et de son lac, où le festival a longtemps brillé avant de devenir, ces dernières décennies, moins apprécié pour ses sélections officielles que pour les talents qui montraient en parallèle leurs premières œuvres. C'est justement au off de Cannes, la Quinzaine des réalisateurs, que Locarno est allé débaucher Olivier Père, 39 ans.
Ses six éditions à la tête de la Quinzaine furent un passionnant laboratoire, accueillant aussi bien Coppola (Tetro), que des cinéastes trentenaires et originaux (Lisandro Alonso, Miguel Gomes, Albert Serra). Sous la baguette de Père, ce 63e Locarno, qui dure jusqu'au 14 août, sera donc ausculté comme un tournant. Christophe Honoré, Bruce LaBruce, Ernst Lubitsch, Quentin Dupieux, Jia Zhang-ke, Bertrand Bonello, Jean-Marie Straub, Luc Moullet, Philippe Parreno devraient y aider. La projection, ce soir en ouverture, de l'incandescent Au fond des bois, de Benoît Jacquot, aussi. Entretien.
La Quinzaine profitait de la résonance du Festival de Cannes officiel. En revanche, Locarno est un festival plus prestigieux et en même temps plus isolé… A-t-il été plus compliqué d’obtenir des film