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Libération

Alain Corneau, le choix des larmes

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Disparition. Le maître du polar à la française est mort dans la nuit de dimanche à lundi, à 67 ans, des suites d’un cancer.
publié le 31 août 2010 à 0h00

Ils ne sont pas nombreux, les cinéastes à avoir mis en image des dialogues de Georges Perec. C'était dans Série noire. Encore plus rares ceux qui ont réussi à répandre un amour immodéré de Marin Marais et de Pascal Quignard, deux artistes pas forcément sexy, chez leurs spectateurs. Tous les matins du monde réussit pourtant cette performance.

Déréliction. Ce mélange de culture savante et de lignes claires fut le paradoxe de Corneau, cinéaste populaire épris d'espaces vides, de fugues et de traverses, d'abord musicien de jazz (ce qui le mena en Amérique et jusque sur les plateaux de Roger Corman) et élève de l'Idhec, filmant la destruction et le désespoir mais dans des formes carrées, satisfaisantes, comme pour mieux souligner la déréliction. Corneau, c'était une certaine solitude, un récitatif sec, une façon de tenir les corps éloignés, que ce soit dans Police Python 357, avec un Montand qui flingue à tout va mais comme déconnecté de ses cibles, ou dans Tous les matins du monde, une œuvre mangée par l'ombre de la vieillesse. Des images récurrentes aussi : un homme et une femme au milieu d'un terrain vague, serrés l'un contre l'autre, un peu de vent, cernés par le hors-champ dans Série noire ou, bien plus tard, identiquement dans le Cousin.

Il se défendait pourtant d'avoir une grammaire personnelle, disait devoir tout réinventer à chaque sujet car, même si le polar était son domaine d'élection, Corne