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Boyle quitte le réel

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Disparition . Le chef déco d’Hitchcock est mort à 100 ans.
publié le 1er septembre 2010 à 0h00

Quand on dit qu'il y a un homme sur le nez du président Lincoln, on veut bien sûr parler de Cary Grant dans la Mort aux trousses d'Alfred Hitchcock. Mais un nom manque : celui qui a reconstitué les augustes visages présidentiels taillés dans la masse du mont Rushmore pour les besoins de cette scène canonique. C'est Robert Boyle, décorateur de cinéma (art director ou production designer) et illustre méconnu dont la mort, à 100 ans, est à peu près passée inaperçue depuis son annonce le 1er août.

Californien pur jus, Boyle fait partie de cette génération d'aspirants architectes diplômés dont la Grande Dépression va briser les rêves. Comme beaucoup de ses pairs, il se rabat sur le carton-pâte d'Hollywood au lieu de bâtir les immeubles modernistes auxquels il aspirait. Sa chance, c'est sa rencontre avec Hitchcock, avec lequel il travaille pendant vingt ans et à qui il exprime ainsi sa dette : «Il m'a appris ce que je sais.»

Boyle a raconté sa première séance de travail avec Hitchcock pour la Mort aux trousses (1959) en expliquant que le cinéaste l'avait fait asseoir à un bureau en face de lui, où tous les deux se mirent immédiatement à dessiner. Hitchcock, ayant chaque plan du film en tête, figurait des bonshommes à la juste échelle en racontant l'histoire et Boyle comprit qu'il devait envelopper l'histoire et les personnages dans l'atmosphère de ces croquis. Pour ce même film, il avait dessiné la maison dont il était le plus