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Libération
Interview

«Je vois ces fantômes, le passé ne meurt jamais»

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Le cinéaste thaïlandais explique son enfance, sa jungle et ses visions :
publié le 1er septembre 2010 à 0h00

L'avion du matin était à l'heure, mais pas la chambre. Apichatpong «Joe» Weerasethakul arrive de Corée. Crevé mais avec l'envie de parler, de continuer à parler, à déplier une conversation avec Libération qui dure depuis des années maintenant. Dans le lobby de son hôtel du Marais parisien, il demande s'il peut se déchausser et étirer ses jambes, «comme à la maison». Weerasethakul, né en 1970 de parents médecins, a étudié l'architecture en Thaïlande, à Khon Kaen, puis est entré à l'Art Institute de Chicago. Il a fondé en 1999 la société de production Kick the machine pour mener à bien ses projets et ceux d'autres réalisateurs indépendants en Thaïlande, où le secteur est dominé par une production grand public à base de mélodrames et de comédies sentimentales. Plasticien reconnu, exposé notamment en octobre 2009 au musée d'Art moderne de Paris avec Primitive, des vidéos préparatoires d'Oncle Boonmee tournées dans le village de Nabua, «Joe» a reçu à Cannes le prix Un certain regard en 2002 pour Blissfully Yours, le prix du Jury pour Tropical Malady en 2004 et la palme d'or cette année pour Oncle Boonmee.

Vous ne vivez plus à Bangkok ?

Non, je vis dans la province Chiang Mai, où se trouve la ville du même nom, la deuxième plus importante de Thaïlande par la taille et le nombre d’habitants. Cela fait deux ans maintenant. Je supportais mal Bangkok. Un matin, avec mon fiancé, nous avons pris nos bagages, roulé sans destination, sans plans précis. Nous