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Libération

Objectif lagune

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Venise . Sofia Coppola, Aronofsky ou encore Kechiche sont au programme d’une édition qui confirme la Mostra dans son statut de challenger cannois.
publié le 1er septembre 2010 à 0h00

Venise a déjà un motif de satisfaction avant même de commencer : celle du plus arty et philosophe des grands festivals internationaux de cinéma, du moins si l'on identifie la manifestation à son magnétique directeur depuis 2004, le producteur et anthropologue suisse Marco Müller, qui lance cette 67e édition sur la piste d'une question savonneuse : «De quels points forts le cinéma, qui (avec la photographie) est originellement responsable du déclin de l'"aura" de l'art moderne, peut-il encore se prévaloir ?»

Comme on voit, ça ne rigole pas. Il faut dire que Müller, ancien responsable de Locarno, peut aussi bien parler français, italien, mandarin (entre autres) que persan (quand il s'adresse à son ami Kiarostami, genre) et qu'il est une sorte d'honnête homme venu du temps où l'on faisait ses humanités. «Critique» ou «art» ne sont pas des mots obscènes pour lui, mais «économie» non plus. A la question ardue qu'il pose au festival, la réponse qu'il donne se veut optimiste car, écrit-il, même avec l'aura dans le caniveau, la modernité dans les chaussettes et le jeu vidéo 3D dans le ventre, le cinéma se relève phénix d'un «désastre fertile qui a ouvert de nouveaux champs d'expérimentation». Ce qui ne signifie pas pour autant cinéma expérimental au sens pur et dur. Müller mise plutôt sur une sélection «Horizons» élargie, renforcée, sans ligne éditoriale plus précise que de montrer un cinéma «en prise directe avec tous les arts, avec tous les langages