Menu
Libération
Critique

«Piranha», débit de poissons

Article réservé aux abonnés
Viande hachée . Le retour «sea, sex and sang» des petits carnivores. Rencontre avec Alexandre Aja.
publié le 1er septembre 2010 à 0h00

Dans une séquence de Piranha 3D, une fille à ski nautique, hilare, tractée par ses potes sur un bateau, s'essaie aux joies du parachute ascensionnel. Soudain, elle gesticule, se met à hurler et, au moment de prendre son envol, ce n'est plus qu'un tronc sanguinolent grotesque suspendu entre le ciel et l'eau. Le nouveau film d'Alexandre Aja (Haute Tension, La colline a des yeux, Mirrors…) regorge de visions de corps dévorés par des centaines de poissons carnivores ; de corps mutilés, hachés, éviscérés, énucléés dans des bouillons de sang.

Sismique. Stressant comme tout film gore, Piranha 3D est surtout très drôle. C'est un jeu de massacre dont les victimes sont des jeunes Américains en plein spring break partouzard alcoolique. Beuglant et mimant le coït tous pectoraux et seins à l'air, ils sont soudainement précipités dans une boucherie avec l'arrivée des fameux poissons, ici opportunément réchappés de leur grotte préhistorique suite à une secousse sismique.

«J'ai voulu me faire plaisir, un vrai film pop-corn, potache, une série B d'ado attardé», explique Aja, rencontré dimanche à Paris au lendemain d'une avant-première. Le scénario traînait de main en main depuis des années. Et, au fil de réécritures plus ou moins hasardeuses avec son complice, Grégory Levasseur, Aja a fini par convaincre les producteurs - les ultracoriaces frères Weinstein - qu'il fallait bien s'éloigner du film d'horreur, qui avait fait le succès d