Menu
Libération
Critique

L’Hommage à Dash Snow

Article réservé aux abonnés
Arty. Harmony Korine, Ryan McGinley et Agnès B. exposent autour des derniers films et photos de l’Américain mort à 27 ans d’une overdose.
publié le 7 septembre 2010 à 0h00

C'est un court mais étrange film, dans lequel une jeune femme aux longs cheveux bruns avance vers nous comme nue, escortée d'une petite fille. Ces deux enfants sauvages se promènent main dans la main dans de grands bois américains, cet espace vierge qui a tout l'air d'être leur oxygène naturel. Tout cela respirerait un fort parfum d'Eden si seulement le ciel n'était pas si menaçant, si noir, chargé de nuages. Sisyphus, Sissy Fuss, Silly Puss est le dernier film Super 8 qu'a tourné l'artiste Dash Snow.

Dans les mois qui précédèrent sa mort, le 13 juillet 2009, son entourage, à savoir ses amis de toujours, les artistes Dan Colen ou Ryan McGinley, avec qui il avait fondé, un matin d’after, le «Irak Crew» (jeu de mots sur «I rack», littéralement : «je tape de la dope»), le disait sevré. Une désintoxication au printemps l’avait aidé à s’extirper d’une longue addiction à l’héroïne. Lui, le fils de famille (lignée de collectionneurs et de musiciens) en rupture de ban avec les siens depuis l’âge de 13 ans (fugues, violences, prison) cheminait vers une réconciliation avec la vie, désormais organisée autour de sa compagne Jade et de leur petite fille, Secret.

Limite. Le ciel chargé qui imprègne d'une tonalité lointaine ce dernier film de Dash Snow rappelle ce don qu'avait l'artiste pour tout mettre dans ses images, que ce soit des photos ou des films : aussi bien le hasard que les signes évidents que ce hasard donnait à lire de sa situation intime. On se souvie