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Critique

«Miral», Gaza pour les nuls

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Charabia. Le New-Yorkais Julian Schnabel découvre la question palestinienne. Un chouïa naïf…
Julian Schnabel entourée des actrices de "Miral" et de Rula Jebreal, dont le livre a inspiré le film, le 2 septembre 2010 à Venise. (© AFP Alberto Pizzoli)
publié le 15 septembre 2010 à 0h00

Au début, il y a eu le cinéma muet, puis vint le parlant. Julian Schnabel vient d'inventer le cinéma dyslexique. Dans Miral, dernier opus du peintre-réalisateur, deux Arabes se rencontrent et devinez dans quelle langue ils se parlent : en anglais évidemment, mais avec l'accent arabe ! Il faudra un jour que Schnabel explique ce stupéfiant paradoxe qui consiste à avoir fait un film sur la Palestine, allant jusqu'à tourner en Palestine, avec des acteurs palestiniens et arabes, tout en les faisant parler anglais. Faute d'avoir rencontré le réalisateur, on s'est tourné vers le service de presse : «Pour que les spectateurs puissent se sentir plus proches des personnages», nous fut-il expliqué en substance. Quels spectateurs ? Les anglophones ? Ils vont avoir du mal à s'identifier avec l'arabish parlé par les acteurs. Les arabophones ? Ils ne manqueront pas de ricaner. Quant aux autres, ils devront lire les sous-titres de toute façon… Cette affaire de langue ne serait que comique si elle n'était pas agrémentée d'exceptions dont la logique laisse perplexe. Ainsi, les salutations, les noms de pâtisseries, les formules religieuses et la poésie sont en arabe : comme dirait une célèbre blague juive, pourquoi les gâteaux ? En tout cas, cela donne des phrases désopilantes du type : «Salam Aleikoum baba, I brought you some konafeh.» Dans Miral, les Juifs parlent hébreu ou anglais, sauf quand il s'agit d'insulter les Arabes : là, c'est en arabe.