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Libération
Interview

«Pour ces gens, l’avatar reflète leur véritable moi»

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Les auteurs expliquent leurs allers et retours entre réalité et virtuel:
publié le 15 septembre 2010 à 0h00

Alain Della Negra est né en 1975 en France, Kaori Kinoshita en 1970 au Japon. Depuis dix ans, ils créent ensemble des pièces d'art, des vidéos, des documentaires. The Cat… a été pensé par eux deux, tourné par eux deux, et monté à tour de rôle, en garde alternée de leur petit garçon. Rencontre dans leur quartier parisien de Belleville.

Quelle est l’origine de ce projet hors-norme ?

Alain Della Negra : On vient tous les deux des beaux-arts, Strasbourg, Dijon. On s'est rencontrés au Fresnois.

Kaori Kinoshita : Je me suis intéressée très tôt aux mondes virtuels. Au Japon, il y avait déjà dans les années 90 toute l'effervescence autour des otakus, mais je ne comprenais pas où ils voulaient en venir. J'ai vu un jour un reportage, au journal télévisé, sur des gens qui venaient d'acheter, avec une monnaie réelle, des terrains virtuels. Une femme disait qu'elle avait acheté un château, mais on la voyait chez elle dans un tout petit appartement. Ça a été un détonateur, j'ai commencé à m'intéresser à cette interactivité étrange. J'étais encore dans la vidéo d'art, l'installation, pas le documentaire.

Est-ce que le film, à l’arrivée, est à proprement parler un documentaire ?

A.D.N. : Oui, mais de façon compliquée. Les rencontres avec les joueurs ont entièrement modifié le projet initial, qui était très conceptuel. Il ne devait contenir aucune image de Second Life, on voulait ne filmer ces g