Menu
Libération
Critique

«Hors-la-loi», divertissement post-colonial

Article réservé aux abonnés
Les luttes du FLN au prisme de la superproduction mémorielle.
publié le 22 septembre 2010 à 0h00
(mis à jour le 22 septembre 2010 à 12h00)

On fait un effort. On branche le logiciel anti-pathos (un système spécial dans le cerveau qui permet d'effacer la bande-son et les bouches tordues de douleur, tout en continuant à regarder le film). On arrive du coup à trouver quelques belles images, dont une trace de sang en parfait quart de cercle sur un mur, et un certain sens de la baston. On ne peut pas dire qu'on s'ennuie désagréablement. Juste qu'on s'en fiche, car Hors-la-loi n'irrite pas au point de faire broncher l'électroencéphalogramme. Une heure après, il n'en reste rien, sinon quelques éléments d'Histoire, ce qui était le but.

Hors-la-loi établit une généalogie de la guerre d'Algérie en trois époques. Il y a 1925, d'abord, où l'on voit les colons saisir les terres d'une famille algérienne au motif qu'elle n'a pas de titre de propriété. Puis le 8 mai 1945, à Sétif, quand des manifestants pour l'indépendance de l'Algérie sont abattus par l'armée et la population européenne. On se rappelle que lors de la présentation du film à Cannes, un député défenseur de la colonisation avait parlé à ce sujet de «négationnisme» sans avoir vu la scène. Certes Bouchareb n'insiste pas sur les représailles qui eurent lieu contre les Européens, mais elles sont montrées. La polémique était sans objet. Enfin, 1954, où s'ancre l'essentiel du film, avec la formation du FLN.

Novlangue UMP. Un même personnage, reconnaissable à ses lunettes, Abdelkader (Sami Bouajila), traverse ces trois époques, d