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Libération
Critique

Maux de passe

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Horizontalité . Le psy et la putain vus par Jeanne Labrune.
(Rezo Films)
publié le 29 septembre 2010 à 0h00

Si son nom ne figurait pas à côté de l'image, sur l'affiche, bien malin qui saurait identifier la mince créature grimée en écolière japonaise, jupe plissée, chemisier blanc, chaussettes montantes et gros nœud papillon. Or, il s'agit effectivement d'Isabelle Huppert, rajeunie pour l'occasion d'une quarantaine d'années - ce qui vaut une des répliques les plus imparables du film, quand elle voit son reflet dans une glace : «Ça commence à être limite» ! Sans queue ni tête, comme le clame le titre ? Voire, dans la mesure où tout le propos de la cinéaste Jeanne Labrune tient, au contraire, de l'argumentation démonstrative, opérant un rapprochement entre les activités professionnelles liées à la prostitution et à la psychanalyse.

Gourgandine. Huppert interprète ici une prostituée qui aime jouer avec les apparences (cf la scène d'ouverture, chez un antiquaire, où l'on a la confirmation que, depuis Magritte, le mot «pipe» demeure une source inépuisable d'équivoque) et propose à ses clients des scénarios où elle change régulièrement de toilettes et de perruques : un jour, ambiance femme fatale à tendance SM dominatrice ; le lendemain, épouse docile prompte à se transformer en gourgandine quand son homme rentre au bercail après une dure journée de labeur ; ou encore, en rapport avec la spectaculaire image du début, nymphette sur l'épaule de laquelle un géant en marcel viendra chercher autant de réconfort que de sensations fortes.

Au petit jeu du «chacun cherche