Pour l'Europe entière, Tony Curtis, c'est d'abord Amicalement vôtre, en VO The Persuaders ! Une série britannique qui a traumatisé l'enfance des quadras d'aujourd'hui avant d'être multirediffusée. L'écrivain Thomas Clerc, dans la compil Ecrivains en séries (Léo Scheer/Laureli) la résume excellemment : «Avec eux tout glisse, tout s'enchaîne au rythme roi du loisir. Pourtant, lorsqu'on regarde aujourd'hui leurs tenues kitsch, leur humeur constante, leur concurrence toujours équilibrée, quelque chose de factice menace. […] Pour eux, l'art n'est pas d'acquérir de l'argent (contrairement aux gangsters) mais bien de le dépenser.» Bon sang, mais c'est bien sûr. La mort dormait sous les roses, l'économie était renversée.
Les aventures du rugueux Américain Danny Wilde (Tony Curtis) et du sexy briton Lord Brett Sinclair (Roger Moore) ont duré moins d'un an, de septembre 71 à février 72. Le générique de la série est déjà en soi un chef-d'œuvre. On voit deux dossiers aux noms des héros (bleu pour l'aristo nommé «Saint Clair», rouge pour le prolo «sauvage»), puis leur vie est résumée en split-screen à coups d'images de fausses archives teintées, le tout sur un tube de John Barry, alors connu pour ses B.O. de James Bond. C'est tellement bien que France 2 l'a resservi en mai 2007 pour opposer Fillon et Sarkozy dans son JT.
Dès ce même générique, la relation des deux hommes est clairement mise en place : leur première apparition les montre se retournant ens