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Libération
Critique

Brave petit tailleur

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Petit tailleur de Louis Garrel (DR)
publié le 2 octobre 2010 à 17h00

Il n'est pas courant qu'un distributeur, en l'occurrence MK2, décide de sortir sur les écrans avec la même latitude qu'un long-métrage un film de moins de trois quarts d'heure. Mais le Petit tailleur recèle une sorte de surplus glamoureux dont le potentiel magnétique a effectivement de quoi filer le vertige : poème en noir et blanc écrit sur le visage de Léa Seydoux, il est aussi le second moyen-métrage (après Mes copains, il y a deux ans) de Louis Garrel, 27 ans, acteur, partenaire de Léa Seydoux dans la Belle personne de Christophe Honoré. Louis Garrel ne joue pas dans le film mais semble partout dans les plans, que ce soit dans la façon dont ses comédiens parlent, avec empressement et par chuchotements, et surtout par le romantisme échevelé qu'il fait circuler dans la mise en scène, décalqué sur celui qui émane de Louis acteur.

Surtout, on pense beaucoup, dans cette façon de rêver les plans comme des écrins brûlés, au cinéma de son père, Philippe Garrel, dont il ne prétend pas se démarquer. Cinéma amoureux de la nuit, de la ville, des amours contrariées?: Petit tailleur est aimé d'un garçon qui est aimé d'une fille, mais Petit tailleur s'en fout car il aime une fille qui est actrice (de théâtre), et c'est déjà un jeu trop dangereux, surtout lorsqu'un metteur en scène rôde, avec une grosse voiture décapotable. Les enfants du XXIe siècle jouent avec l'héritage de la Nouvelle Vague : ils le cousent, le décousent, le recouse