« Je me trouve hyperbavarde, je parle trop », dit-elle au bout d’une vingtaine de minutes. Elle ? Isabelle Huppert, dans ce salon presque particulier, au rez-de-chaussée d’un hôtel du sixième arrondissement de Paris, calme, dont les fauteuils un peu vieillots ouvrent sur une terrasse avec jardin, n’est pourtant pas si explicite. Ou plutôt : elle en dit des choses, mais quoi exactement ? C’est elle qui a choisi l’endroit, cet hôtel, elle y vient souvent. Dans son appartement ce n’était pas possible, d’ailleurs on n’a même pas essayé, prévenu qu’on était de sa réticence. On l’avait croisée au Festival de Cannes, une interview rapide avec sa fille à l’occasion de la présentation de Copacabana, film vif où elles jouaient toutes les deux. Isabelle et Lolita avaient ri, mangé des tuiles aux amandes, déroulé leur numéro avec l’intelligence de ne pas exagérer ; de ne pas, non plus, être en deça de l’actrice en promotion. « Une actrice, c’est fait pour séduire », lâche-t-elle quelques mois après, cet après-midi d’été. Elle précise : la séduction, « c’est quand même la grande affaire des actrices… Non ? » Elle relève la tête avec cette moue qui est devenue sa marque de fabrique. Si si, regardez un film avec Huppert, elle a une manière particulière, touchante à force, dans les scènes où elle ne dit rien mais où elle attend, observe, se creuse la tête, de tendre le menton tout en mastiquant un peu des joues. Comme un tic, comme si ces joues avaient le
Interview
Isabelle Huppert, songe d’un jour d'été
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publié le 2 octobre 2010 à 14h56
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