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Libération

Les jeunes films en fleur

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Cet automne, ils occupent les écrans. Quelques post-adolescent(e)s inspirent des longs-métrages explosifs, intrigants ou touchants.?Zoom sur "Simon Werner a disparu", "Kaboom" et "Des Filles en noir".
"Kaboom" (Jérôme Bonnet pour Next)
publié le 2 octobre 2010 à 16h02

Ce n'est pas une tendance cinématographique, encore moins une mode, surtout pas un phénomène. C'est un parfum qui vient, nous frôle, disparaît et revient toujours. Sous de nouveaux arômes, c'est vrai, mais avec la même et inlassable note de fond : l'adolescence. Ah ! Ne feignons pas d'ignorer que la jeunesse est antique et qu'elle occupe au moins depuis Athènes la table d'un très vieil échiquier. La question des générations est par définition éternelle et trouve en chacun d'entre nous son irrésolution : c'est en même temps le théâtre d'un combat et la grille d'un problème, selon le point de vue où la vie nous porte. En ce sens, l'adolescence est une question philosophique infinie, où l'on ne peut jamais démêler vraiment l'unité indissoluble des contraires. C'est, sans doute, pourquoi c'est aussi une matière inépuisable de cinéma, dont on n'a jamais bien su s'il servait à enregistrer la mort ou la vie. Dans la période moderne, c'est certainement Gus Van Sant qui a porté l'art de cette ciné-contemplation mélancolique à son plus haut point d'incandescence, jusqu'à devenir à sa façon un Caravage de Portland : pas dans la forme ni le style, certes, mais dans la recherche des matières et des textures, et dans la transfiguration des modèles. Il ne faut jamais perdre de vue cette dimension presque chimique de la fascination de l'artiste pour l'adolescent : la peau de celui-ci offre des carnations uniques, son œil brillant trahit sans honte des charges hormonales en