C'est le coloriste vedette des actrices, il se nomme Christophe Robin, officie dans la suite d'un palace parisien. Il badigeonne d'ammoniaque les têtes de Claudia Schiffer, Eva Green ou Emmanuelle Béart. On peut lire son interview dans le catalogue de Brune-Blonde, l'expo qui démarre aujourd'hui à la Cinémathèque française. Question : «Une blonde c'est quelqu'un qui a des cheveux morts ?» Réponse du professionnel : «Non, les cheveux sont morts de toute façon ! Ce sont des cellules qui ne sont plus vivantes : qu'ils soient naturels ou colorés, les cheveux sont morts sauf à la racine.»
Baudelaire, érotomane capillaire, écrivait, lui, dans ses Fleurs du mal : «Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.» Matière ruisselante, toison fétichisée, architecture laquée, chignons et nattes, coupe garçonne, cheveux que l'on malaxe, respire et arrache, perruques et mèches, il faut un gros flacon de shampooing théorique pour masser et faire mousser l'ampleur du thème qui pourtant n'avait jusqu'ici fait l'objet, selon le commissaire de l'expo Alain Bergala, d'aucun effort de nomenclature raisonnée. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir glosé à l'infini sur l'obsession de Hitchcock pour les coiffures blondes, devenant même le point de fixation nécrophile du personnage de James Stewart dans Vertigo qui tombe dans le chignon de Kim Novak comme dans un trou métaphysique.
La pute et la