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Critique

«Kaboom», Araki rit

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En rut. Le cinéaste américain se frotte aux fantasmes d’un trio bisexuel. Une comédie pop et insolente.
(Wild Bunch Distribution)
publié le 6 octobre 2010 à 0h00

Finalement, à 50 ans, Gregg Araki a accepté de vieillir. Il ne l'a pas fait comme on renonce un beau jour à sa jeunesse, avec sollicitude et mélancolie ou, pire, apitoiement. Il l'a fait en mode camp, qui est un peu à la culture gay ce que le punk est au rock : je prends un bon coup de vieux, et je retourne la puissance de ce coup sur l'écran ; je la projette. Kaboom est un film sur la jeunesse d'aujourd'hui réalisé par un enfant du siècle précédent, qui n'en revient pas lui-même de sa folle trajectoire, passée si vite depuis ses débuts underground en 1987. Tout ça ? Rien que ça ? Oui, en gros, Gregg Araki a toujours refait plus ou moins le même film, dont le thème a été fixé par son manifeste en forme de triptyque, la Teenage Apocalypse Trilogy. Son cinéma est franchement du côté du désir et des plaisirs : il en a étudié de près l'ébullition et les carnages. Il a beaucoup donné de sa personne de cinéaste sur les substances qu'il aime : le sexe, la drogue, la musique, les images. Il a professé textuellement un «cinéma irresponsable» dès son premier vrai long métrage, The Living End, et n'a cessé de vouloir le démontrer en actes depuis.

Le trio de tête de Kaboom est très rassurant de ce point de vue : Gregg Araki persiste dans la féerie de personnages poupées, sexy et manipulables, mais toujours susceptibles de mordre. Le héros est un jeune bisexuel appelé Smith, qui aime raconter à sa meilleure amie, Stella, les fantasmes qu'il nou