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Libération
Critique

Effet meufs au «Ranch»

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Truffes . Des colocatrices déchaînées dans une comédie féministe.
(Shellac)
publié le 12 octobre 2010 à 0h00

Ça y est, on y est. Dans le cœur noir des 20 ans, la nébuleuse des sens altérés. Des voix nous parviennent, brouillées par l'alcool, on nous bave dans le cou, cheveux collés par la sueur en répétant obstinément «allez, quoi, un câlin». Parfois, l'un d'entre nous fait une dépression-minute face à une bouteille de vodka qui refuse de s'ouvrir, c'est le monde qui s'écroule.

On dit «nous» parce la Vie au ranch suscite une sympathie concentrée et immédiate chez le spectateur, une vibration à l'unisson de l'âme - et du foie aussi, picole aidant. La Vie au ranch est le premier (et l'unique, à ce jour) film qui parle comme les filles de 2010, et beaucoup, et toutes à la fois. Réplique d'anthologie : Lola qui, après avoir laissé un message à un garçon rencontré sans lendemain, appelle une copine en pleurnichant : «J'ai laissé un message pourri, d'une meuf, une pauv' truffe quoi ! Il aura jamais envie de me rappeler, c'est terrible, là je suis alone in my room, c'est terrible, quoi.»

Le «ranch», en fait, est le surnom que donnent à leur appart deux colocataires contemporaines (donc bientôt démodées), jeunes étudiantes avec leurs piles d'ordis tous branchés en même temps, leur canapé défoncé, leurs petites culottes par terre qui «puent le sexe» (c'est pour rire) et la plante des pieds un peu crade. Y vit une bande de copines, entre elles, loin de tout regard masculin, pas glamour du tout (on pense un peu aux formidables BD autodérisoires de Ni