Découvert par le grand public avec De quoi Sarkozy est-il le nom ? Alain Badiou a toujours intimement mêlé la réflexion sur les arts à ses travaux de philosophie politique. Cinéma réunit une trentaine d'articles où le philosophe s'intéresse aussi bien au film comique français, à Antonioni ou à Clint Eastwood. Il y est également question de Jean-Luc Godard, dont le dernier long métrage, Film Socialisme, mettait justement en scène, brièvement, Badiou donnant un cours sur Husserl. «Cela m'a touché, déclare-t-il dans l'entretien qui ouvre le recueil. Car cela semble vouloir dire que je fais partie du temps présent, dans un film qui traite par ailleurs du brouhaha du monde.»
Vous dites qu’il faut prendre au pied de la lettre la définition du cinéma comme «septième art».
Le cinéma arrive après les autres arts, non pas seulement au sens technique ou chronologique, mais parce qu'il entretient des relations soutenues, et parfois mimétiques, avec les arts apparus avant lui : théâtre, musique, littérature, peinture, sculpture… Il imite, transforme, déplace, absorbe, assimile toutes les activités artistiques antérieures. Composé, composite, impur, le cinéma intègre et met ou remet en circulation des éléments qui ne lui sont pas propres. C'est cette capacité de synthèse qui en fait un art dominateur, un art de masse. La Chevauchée des Walkyries est à jamais associée à Apocalypse Now.
Qu’est-ce qu’un art de masse ?
C'est un art où des œuvres d'une puissance et d'une innovation artistiques incontestables parviennent à toucher des millions de gens. Les fil