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Libération
Enquête

Nantes en Demy teintes

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A l’occasion d’une expo-hommage au réalisateur des «Demoiselles de Rochefort», balade dans les quartiers de la ville au bras de Lola, sa première héroïne. Entre réalité et fiction.
publié le 23 octobre 2010 à 0h00

Nul besoin d'être né à Nantes ou d'y habiter pour en être comme hanté. Il suffit d'avoir lu un livre, la Forme d'une ville de Julien Gracq, d'écouter une fameuse chanson de Barbara, et ainsi, bel et bien invité, de voir et revoir jusqu'au tourbillon, entre raison et bateau ivre, un des plus beaux films du monde : Lola de Jacques Demy. La ville de Nantes, pour le vingtième anniversaire de sa mort, rend hommage à Demy de mille façons. Alors, partons à notre tour en perm à Nantes, louons une chambre en ville et, au bras de Lola, faisons un tour de rêve.

Lola est le premier long métrage de Demy. Il le tourne en juin 1960, un peu partout dans la ville. En fait, dans un mouchoir de poche. A pied, il n'y a pas long pour aller d'un endroit du film à l'autre, du meublé où vit Lola avec Yvon son jeune fils, à L'Eldorado, le cabaret de la place Graslin où, tout en guêpière, Anouk la bien Aimée nous chante pour la vie : «Celle qui rit à tout propos/ Celle qui dit l'amour c'est beau/ Celle qui plaît sans plaisanter/ C'est moi, c'est moi Lola !» Mais aussi, tanguer du cinéma Katorza, rue Corneille, où Roland Cassard, son amoureux d'adolescence, va voir un film avec Gary Cooper, au bistro du quai de La-Fosse, les Caboteurs, et surtout le café Naval où règne Madame Jeanne qui peint des marines «qui coulent», et où rôde l'ombre de Michel, son grand fils prodigue, premier amant de Lola, père du petit Yvon. Et repasser sans cesse par le passage Pomme