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Libération
Critique

Guzmán, la traversée du désert d’Atacama

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Ossements. Le Chilien fouille le paysage le plus aride de la planète et la mémoire de son pays.
publié le 27 octobre 2010 à 0h00
(mis à jour le 29 octobre 2010 à 19h42)

«Un pays sans documentaires est comme une famille sans album photos», dit le réalisateur Patricio Guzmán, auteur notamment de la Bataille du Chili (1974) et du Cas Pinochet (2001), qui depuis près de quarante ans s'acharne à ne pas laisser de pages blanches dans l'histoire de son pays. Pour Nostalgie de la lumière, il est monté à 3 000 m d'altitude, dans le désert d'Atacama, lieu le plus aride de la planète et rendez-vous des astronomes du monde entier qui y trouvent l'observatoire idéal, vierge de toute pollution atmosphérique. Il y a d'abord filmé la lumière : celle du désert, qui donne aux paysages lunaires, aux éboulis et aux parois rocheuses une limpidité qui sidère. Et celle des étoiles que scrutent les télescopes à la recherche des origines de l'univers, avec les galaxies comme des gerbes de traces de l'explosion première.

Momies. L'observation est affaire de patience et la caméra de Guzmán prend son temps, s'attarde dans le ciel, s'intéresse aux témoignages des scientifiques expliquant leurs travaux, attentive à ne rien brusquer, et surtout pas l'histoire que le film peu à peu révèle. Si Atacama n'abrite aucune vie végétale ou animale, il intéresse les archéologues. On y découvre fréquemment des momies parfaitement conservées, cadavres d'Indiens qui ont habité la région au temps des civilisations précolombiennes ou de mineurs du XIXe siècle. De la poussière cosmique à celle du désert, l'œil de Guzmán rede