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Libération
Interview

«Les objets ont le pouvoir d’absorber les émotions»

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Rencontre . Jan Svankmajer évoque, à 76 ans, son œuvre dissidente et folle :
publié le 27 octobre 2010 à 0h00

Invité ce soir à 19 heures au Forum des images pour une séance exceptionnelle autour de son œuvre, animée par le critique Pascal Vimenet, Jan Svankmajer a répondu à nos questions par mail. Ses réponses, en tchèque, ont été traduites par son interprète Bertrand Schmitt.

Vous prolongez et revigorez l’expérience du surréalisme au cinéma. Que représente ce mouvement pour vous ?

Le surréalisme reste à mes yeux le mouvement le plus libérateur qui soit. Et la liberté est encore le dernier thème qui vaille la peine que l'on s'empare de la plume, du pinceau ou de la caméra. Dans les années 30, les surréalistes avaient proposé le mot d'ordre «transformer le monde et changer la vie». Ils ne sont pas parvenus à transformer le monde, mais le surréalisme est capable de changer la vie de ceux qui se trouvent dans son aire d'influence. L'imagination est un processus de libération. C'est l'imagination qui a rendu l'homme humain et non pas le travail.

Vos films sont féroces et volontiers sarcastiques. Définiriez-vous votre cinéma comme politique ?

A l'époque du régime totalitaire en Tchécoslovaquie, les spectateurs ont interprété mes films d'une manière avant tout subversive et antitotalitaire. Mais, en ce qui me concerne, je n'ai jamais été intéressé par l'aspect purement politique dans lequel se complaisaient les circuits dissidents de l'époque. J'ai toujours cherché à éviter que ma création se mette au service d'une idéologie, quelle qu'elle soit. Je