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Libération
Critique

Berlusconi, premier sinistre

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Docu virulent sur l’après-séisme de L’Aquila.
(Bellissima Films)
publié le 3 novembre 2010 à 0h00

Il était une fois un Silvio Berlusconi affaibli par ses frasques sexuelles, éclaboussé par les affaires judiciaires et en chute dans les sondages. Puis, dans la nuit du 6 avril 2009, la terre trembla dans les Abruzzes, dévastant L'Aquila. «Quand une ville entière fut anéantie, c'est comme si Dieu lui avait encore une fois tendu la main», martèle le commentaire de Draquila, l'Italie qui tremble, le film réquisitoire de Sabina Guzzanti, auteure satirique à succès blacklistée des télévisions publiques et privées de la péninsule.

Gabegie. Dans le ton, Guzzanti s'inspire de Michael Moore, avec portrait à charge et grosse caricature mais ce film sur la reconstruction, après le séisme qui fit 308 morts, devient rapidement beaucoup plus intéressant. Le tycoon des médias et homme le plus riche d'Italie avait décidé d'en faire une démonstration de l'efficacité de sa gouvernance. Une opération vitrine promettant aux sinistrés des maisons neuves dans les six mois «avec gâteau et champagne dans le frigo». Ce fut l'occasion d'une gigantesque dilapidation de fonds publics pour reconstruire en neuf plutôt que réparer, avec des scandales de corruption en série. Plus de 50 000 personnes dorment aujourd'hui encore sous des tentes.

«Berlusconi est en général encore pire que ses caricatures, mais la satire ne doit pas entrer en compétition avec le réel, plutôt en être une lecture critique», nous explique la réalisatrice. Elle pourfend, dans ses